« C’était des hommes et des femmes nus, montrant seulement leur dos ou leur postérieur à la caméra, assis. […] Le sujet choisi était loin de ce qui aurait pu nous intéresser à Vogue, mais la qualité du travail était exceptionnelle », raconte Edmonde Charles-Roux, ancienne directrice de Vogue. Guy Bourdin a insufflé un ton et un regard totalement novateurs ainsi qu’une certaine insolence dans l’univers des campagnes publicitaires de mode. Ses images, très « léchées », offrent des scènes à la fois troublantes, provocatrices et énigmatiques, sans jamais être vulgaires. Les modèles, souvent nus ou légèrement vêtus, posent dans des attitudes provocantes au milieu de décors et d’accessoires étranges ou à fort caractère érotique. L’éclairage est cru, les couleurs sont saturées.
Formé à la photographie durant son service militaire, Guy Bourdin expose dès l’âge de vingt-deux ans des dessins et des peintures dans une galerie parisienne. En 1951, il rencontre Man Ray, qui préfacera l’année suivante le catalogue de sa première exposition de photographies. Ses premières photos de mode sont publiées en 1955 dans Vogue, magazine pour lequel Bourdin travaillera jusqu’en 1987. En 1967, il collabore également avec Harper’s Bazaar et fait paraître des images dans le magazine Photo. Ses campagnes publicitaires pour le chausseur Charles Jourdan l’on fait connaître du grand public. Il décède en 1991, trois ans après avoir été récompensé par l’Infinity Award de l’International Center of Photography de New York.