Difficile de résumer en quelques mots celui que Hervé Joubert-Laurencin qualifiait de « voix morale et prophétique de la nation ». À la fois écrivain, poète, journaliste, cinéaste et metteur en scène, Pier Paolo Pasolini est une des plus grandes figures intellectuelles et artistiques du xxe siècle et de la culture italienne. Célèbre pour son profond engagement politique à gauche, il fut farouchement opposé à toute forme d’idéologie, à la société consumériste, qu’il voyait naître en Italie, et à tout conformisme. « Je suis glacé, méchant. Mes mots font mal. Le besoin obsédant de ne pas tromper les autres, de cracher tout ce que je suis », écrit-il.
Cinéaste de renom, il fait sensation dès la sortie, en 1961, de son premier film, Accatone, qui décrit les dessous sombres de la société italienne. Mais c’est L’Évangile selon Matthieu (1964), film en noir et blanc sur la beauté de la foi, qui le consacre réellement, malgré son athéisme et ses convictions marxistes. D’abord inspiré par le néoréalisme, Pasolini s’en éloigne peu à peu, tandis que ses films gagnent en noirceur et dépeignent toute la cruauté de notre société. Son dernier opus, Salo ou les Cent Vingt Journées de Sodome, tiré de l’œuvre de Sade, présente un monde où règne le sadisme. Dénuée de tout espoir, cette vision fit scandale.
Né en 1922 à Bologne, Pasolini meurt tragiquement à Ostie en 1975, assassiné dans des circonstances obscures.