Des intérieurs de sous-marins aux paysages désertiques des mers arctiques, Jean Gaumy parle du trop étroit comme du trop vaste. Pour celui qui considère que photographier « c’est sortir de l’inconnu qui résiste et refuse de venir au jour », l’inconnu semble se terrer autant dans les lieux clos que dans les immenses espaces vides. L’Hôpital (1976), une enquête sur le quotidien des médecins et des patients dans un centre hospitalier, et Les Incarcérés (1983), première investigation dans le milieu carcéral de l’histoire de la photographie française, placent tous deux le confinement humain au cœur de son travail. À l’inverse, il publie en 2010 une série de paysages de montagne, D’après nature (prix Nadar), qui font preuve d’un regard plus contemplatif. Parfois, immensité et exiguïté se rejoignent dans un même travail, à l’image de ses nombreux reportages sur les chalutiers, où alternent scènes de vie à l’intérieur de navires et vues de l’océan, comme Pleine mer (2001, prix Nadar).
Né en 1948, Jean Gaumy intègre en 1973 l’agence Gamma à la demande de Raymond Depardon, puis l’agence Magnum en 1977. Il fait de nombreux reportages en Afrique, en Amérique centrale et au Moyen-Orient, où il prendra sa célèbre photo de femmes iraniennes s’exerçant à tirer pendant la guerre Iran-Irak. À partir des années 1980, il réalise des documentaires inspirés des mêmes thèmes que ses photographies. Sous-marin (2006), par exemple, rend compte de quatre mois d’enquête dans un sous-marin nucléaire de l’armée française. Il est depuis peintre officiel de la Marine.
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=MAGO31_10_VForm&ERID=24KL53ZFL3