1955-2019
Xavier Barral trace un chemin qui ignore les habitudes et la répétition. Sa passion de la passion des autres – photographes et artistes, auteurs, chercheurs –, son inlassable curiosité en attente de découvertes et de rencontres autant que sa poursuite d’une démarche très personnelle font de chacun de ses projets un nouveau départ, une nouvelle occasion d’arpenter l’espace et le temps, comme en témoignent avec force les ouvrages Évolution (2007) et Mars (2013).
Formé à l’École supérieure d'arts graphiques Penninghen, Xavier Barral y rencontre Robert Doisneau et Roman Cieslewicz qui le marquent et l’inspirent. Mais c’est d’abord l’ailleurs qui l’attire. Il dessine, voyage, navigue et travaille comme photographe reporter avant de collaborer, en tant que directeur artistique, à plusieurs magazines. Sa rencontre avec l’éditeur Éric Hazan marque un premier tournant vers l’édition, celui-ci lui confie la réalisation de ses premiers ouvrages notamment Doisneau/Renault. Ce livre-objet avec son étui métallique annonce la forme singulière, toujours si étroitement solidaire du contenu, que Xavier Barral donnera ensuite à chacun des livres qu’il publiera.
En 1992, il fonde, avec Annette Lucas et Stéphane Trapier, Atalante, une agence de création visuelle et de communication culturelle qui conçoit les identités de nombreuses institutions françaises (Opéra de Paris, Cité de la Musique, théâtres de la Colline et du Rond-Point, Fondation Cartier pour l’art contemporain) ainsi que la création de livres d’art et de catalogues d’exposition. Xavier Barral y affirme un savoir artisanal, un regard, un sens du dialogue avec les artistes et une façon d’aborder la matière même des livres qui feront sa marque comme dans Pleine mer de Jean Gaumy (2001).
C’est en 2002 qu’il s’engage dans l’aventure à laquelle l’ont préparé et conduit ses différents métiers : encouragé par un autre éditeur, Hervé de La Martinière, par Daniel Buren et par quelques amis auteurs, il crée les Éditions Xavier Barral et publie son premier livre : Mot à mot de Daniel Buren. Dès lors alternent les ouvrages qui consacrent de longues amitiés intellectuelles et artistiques – de M’as-tu vue conçu avec Sophie Calle en 2003 à Depardon/USA en 2018 – et ceux dédiés à l’oeuvre de figures majeures de la photographie telles que Sergio Larrain en 2013 et plus récemment, Masahisa Fukase en 2018. Intéressé par les pratiques artistiques et par les rapprochements entre le monde de l’art et le monde des sciences, l’éditeur initie lui-même des projets nés de nouvelles rencontres, avec l’enthousiasme de l’explorateur, ou bien parce qu’une idée et un désir portés depuis de longues années peuvent enfin trouver à s’accomplir – publié en 2015, L’Esprit des hommes de la Terre de Feu rend ainsi hommage au travail photographique de Martin Gusinde, sur les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar, découvert par Xavier Barral dans les années 1980 lorsqu’il naviguait en Terre de Feu.
Il accompagne plusieurs de ses ouvrages d’expositions dont il assure le commissariat et la scénographie parmi lesquels AutoPhoto (Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2017) et Wall avec Josef Koudelka (C/O Berlin en 2017 et la Fondation Dar El-Nimer à Beyrouth, 2018).
Il venait d’imprimer La Comète, le voyage de Rosetta.