Corps mutilés en transe, corps de jeunes filles éthérées, corps immergés : les photographies de Desiree Dolron, révélatrices d’une approche à la fois documentaire et plasticienne, questionnent notre rapport à l’au-delà. Images entre deux états, entre deux mondes, toutes jouent avec les notions antagonistes de la vie et de la mort, du conscient et de l’inconscient, du présent et du passé.
Photographe néerlandaise née en 1963 à Haarlem, elle réalise, de 1991 à 1999, une série d’images intitulée Exaltation. Images of Religion and Death, pour laquelle elle a parcouru le monde et photographié les rituels de catholiques et hindouistes fanatiques. Ces photographies, dont le traitement en noir et blanc amène une certaine distance qui atténue la violence, donnent à voir les corps mutilés d’individus en transe, semblant ignorer la douleur.
De 1996 à 1998, elle conçoit la série Gaze, portraits d’hommes et de jeunes garçons sous l’eau. Ces corps en suspens, plongés dans un liquide entre bain de formol et liquide fœtal, floutent la frontière entre la vie et la mort. Dans Xteriors (2001-2006), avec laquelle elle acquiert une réputation internationale, elle s’est inspirée « des peintres de la tradition flamande et de la technique du sfumato pour créer cette absence de frontière entre le visage et l’arrière-plan ». On y voit des jeunes filles aux silhouettes longilignes et aux cheveux tressés, liés ou lissés, dépourvues de sourcils, transparaissant de manière fantomatique sur un fond noir.